Des bastille (encore) à prendre...
La révolution... Encore et toujours le même ouvrage à mettre sur le métier...
Tout de même, en ce jour de fête nationale, et cent-vingt ans après les évènements, que devons-nous objectivement au 14 juillet 1789 ?
"(...)La Bastille, c'est la prison, les chaînes que l'on a brisées, que Latude, héros légendaire, exhibe fièrement; les pierres de la forteresse détruite diffusées comme reliques dans tout le pays. Mais aussi le rappel des cachots à la piranèse, la cellule dite du Masque de fer. Un cadre préromantique à la Fidelio.
La Bastille en contrepoint apparait comme le symbole de la liberté conquise par le peuple en armes. Image forte et répétitive de l'assaut contre le pont-levis des hommes du peuple mêlés aux gardes françaises. Le peuple en armes entre sur la scène de l'histoire. Et peu importe qu'on nous dise qu'ils venaient y chercher des armes et que sans un malentendu..., en fait c'est la liberté qu'ils ont trouvée. C'est du moins le message qui a été reçu et répercuté dans toute l'Europe. L'imaginaire de la Bastille, tel qu'il a été étudié sans ses expressions et sa diffusion européenne reflètent généralement la surprise admirative d'une opinion éclairée devant ce qui reste, avant les désillusions, un évènement-avènement.
Alors, les savants qui évoquent dédaigneusement les "petits hommes" qui ont pris la Bastille -vous savez : des gens du quartier somme toute, et qui n'ont trouvé qu'une demi-douzaine de prisonniers de droit commun-, ces savants n'ont jamais entendu parler de la locomotive de l'histoire. Il est vrai qu'elle n'existait pas encore avant d'être réformée aujourd'hui."
Michel Vovelle, Les mots de la Révolution, 2004